Risques climatiques : quel avenir pour les garanties relatives aux énergies renouvelables ?
Les énergies renouvelables jouent un rôle clé dans la réduction de l’impact des activités humaines sur le climat. Mais avec le changement climatique qui s’accentue, les conditions météorologiques parfois extrêmes menacent la transition énergétique. En effet, les dommages matériels causés par les tempêtes et les interruptions d'activité associées mettent en péril la conversion énergétique et empêchent les entreprises d’atteindre les objectifs de développement durable qui font consensus.
Ainsi, en mars dernier, une tempête de grêle au Texas a gravement endommagé des milliers de panneaux photovoltaïques installés sur une ferme solaire de 1 335 hectares pour alimenter plus de 60 000 foyers.
La grêle, un risque majeur
Le risque de grêle pèse fortement sur le secteur des énergies renouvelables. Les sinistres causés par ce phénomène, dont le montant total s’élève à 52,3 millions d’euros en moyenne, représentent plus de la moitié des dommages liés aux panneaux photovoltaïques. Les tempêtes vont continuer à menacer la viabilité du secteur de la production d’énergie solaire, mais les fermes solaires, les parcs éoliens et les installations de stockage d’énergie sont également vulnérables au vent, notamment aux ouragans et aux tornades, ainsi qu’aux feux de forêt, aux inondations, aux incendies électriques et aux défaillances matérielles.
En cas de sinistre, le montant des dommages dépasse fréquemment le montant des garanties, et l’exposition globale aux risques est supérieure à la capacité d’assurance totale. Face à cette réalité, le secteur des énergies renouvelables pourrait bien devenir inassurable.
La qualité des équipements en cause
Accablés par les coûts de mise en service des équipements, les investisseurs tentent de réduire la facture en achetant des équipements bon marché de moindre qualité. D’après une étude Raptor Map, les mauvaises performances imputables à des défaillances matérielles et autres problèmes connexes représentent environ 4,1 milliards d’euros de pertes d’exploitation annuelles pour le secteur de la production d’énergie solaire dans le monde.
À court terme, les perturbations provoquées par ces problèmes de performances auront un impact sur le chiffre d’affaires, assuré ou non, des entreprises du secteur des énergies renouvelables. À plus long terme, elles diminueront leur solidité financière en réduisant leurs parts de marché et les opportunités de croissance. Pour qu’une solution globale soit efficace, elle doit associer qualité et ingénierie de prévention des sinistres, et s’appuyer sur un programme d’assurance viable financièrement.
Actuellement, les programmes d’assurance envisagés prévoient d’augmenter considérablement le coût des garanties ou de les supprimer pour ce secteur, ce qui constituera, dans les deux cas, un frein à la transition énergétique.
Enfin, ces équipements doivent être suffisamment solides pour résister aux dommages causés par les risques qu’ils tentent d’atténuer en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Les leaders du secteur des énergies renouvelables doivent notamment miser sur une approche identique à celle adoptée pour le transport aérien, à savoir un calcul proactif des risques liés aux projets de production d’énergies renouvelables afin de les éliminer, et ce, dès les phases de planification.
Comment favoriser la transition énergétique ?
La solution repose sur trois axes :
- Accorder la priorité à la qualité des produits et systèmes de production d’énergies renouvelables. Les principales vulnérabilités des panneaux photovoltaïques, des structures porteuses, des systèmes électriques, et des mâts, pales et équipements des éoliennes sont relativement bien connues. Les concepteurs, les investisseurs et les exploitants devraient privilégier la fiabilité et la durabilité des équipements plutôt que la réduction des coûts.
- Mettre en place une certification sectorielle axée sur la robustesse des produits, le contrôle qualité et les critères de performance pour la production d’énergie. Les normes ANSI FM 4476, ANSI FM 4478 et FM 4480 certifient les performances de résistance aux dommages causés par la grêle, la propagation du feu et le vent.
- Adopter et appliquer des normes pour la conception, la fabrication, l’installation, l’exploitation, la surveillance, l’intégration et le démantèlement des systèmes de production d’énergies renouvelables. Ces mesures doivent être prises rapidement afin de suivre le rythme de l’innovation dans un secteur en pleine mutation. Elles doivent également tenir compte des contraintes liées à des installations dans des zones qui ne sont généralement pas associées à ces types d’activités (une zone rurale abritant un parc solaire, par exemple).
Ayant appris la leçon à leurs dépens, les assureurs doivent désormais tourner la page et promouvoir ces mesures de résilience pour contribuer à une transition viable vers les énergies renouvelables. Les changements durables nécessiteront une stratégie à long terme qui devra s’appuyer sur des investissements de départ plus conséquents. Les mesures d’amélioration de la qualité devraient rejoindre les initiatives visant à réduire la délocalisation de la production des panneaux photovoltaïques.
Mettre l’accent sur des produits et des activités optimisés devrait assurer la viabilité d’un secteur actuellement fragile et protéger l’environnement en incitant les différents acteurs internationaux à se recentrer sur les objectifs climatiques. Il est impératif de réussir rapidement cette transition afin d’éviter les effets les plus délétères du changement climatique. L’heure est venue d’exiger la qualité nécessaire pour faire face aux risques naturels que le secteur des énergies renouvelables tente de réduire. La recherche avance et nous disposons en grande partie des compétences requises. Il est grand temps de les mettre à profit.
Ce contenu s’appuie sur un article récemment publié dans Forbes par Louis Gritzo, directeur scientifique de FM.